Je suis Le Profes'Solaire et aujourd'hui je vous présente en détail un kit batterie LFP en do-it-yourself proposé par Teze Power : une solution complète de ~16 kWh à seulement 100 € le kWh une fois le kit monté avec des cellules Dejin 314 Ah. Dans cet article je décris le contenu du kit, les caractéristiques techniques des cellules, le montage, la configuration du BMS JK, les tests pratiques (charge, décharge, thermographie) et des conseils concrets pour tirer le meilleur parti de ce type d'installation. Si vous aimez bricoler et optimiser votre autoconsommation, ce guide est fait pour vous.

🔧 Présentation générale du kit Teze Power
Le kit Teze Power est livré sous la forme d'un boîtier prémonté contenant quasiment tout le nécessaire pour construire une batterie LFP 16 kWh : boîtier, carte BMS JK (200 A), connecteurs, câblage, écran tactile en façade, plaques époxy de protection, ruban EVA pour intercaler et compresser légèrement les cellules, et un sectionneur DC 250 A en façade. Le seul élément non fourni : les cellules elles‑mêmes. Vous pouvez donc choisir vos cellules en fonction de votre budget et de vos objectifs.
Le concept est intéressant : plutôt que d'acheter une batterie complète prête à l'emploi (plus chère), on achète un boîtier intelligent et on y insère des cellules. Avec des cellules Dejin 314 Ah, on atteint une capacité proche de 16 kWh (16 cellules en série, un peu plus de 1 kWh/cellule).
- Capacité annoncée : ~16 kWh (16 × ~1 kWh)
- BMS : JK 200 A (charge/décharge)
- Limites théoriques : Jusqu'à ~10 kW de décharge (200 A × tension batterie), et 200 A en charge — à utiliser avec prudence pour une seule batterie)
- Livré : boîtier prémonté, écran tactile, câbles, plaques époxy, EVA tape, connecteurs
🔋 Les cellules Dejin 314 Ah : caractéristiques et comparaison
J'ai utilisé des cellules Dejin 314 Ah pour ce montage. Voici les points essentiels à connaître :
- Capacité pratique : 314 Ah annoncés — mes tests montrent que les cellules tiennent bien la valeur nominale.
- Densité énergétique : environ 178 Wh/kg — assez bonne pour des cellules LFP récentes.
- Plage de tension : 2,5 V à 3,65 V par cellule (utilisation standard LFP).
- Taux de charge/décharge : testé à 0,5C à 25 °C (≈500 W par cellule), ce qui donne ≈8 kW pour une batterie complète de 16 cellules.
- Températures : décharge possible de -20 °C à +60 °C ; en charge la performance chute fortement près de 0 °C (risque de gel du liquide interne).
- Durée de vie : annoncée 8 000 cycles dans les conditions idéales (25 °C, 0,5C, compression 300 kgf), potentiellement davantage (jusqu'à 12 000 cycles selon usage réel).
En pratique ces cellules sont comparables, en dimension et en performance, à des références EVE 314 Ah, mais elles sont généralement moins chères. Un point à noter : certaines cellules EVE ont montré une capacité minimale supérieure (souvent >330 Ah) dans certains lots, ce qui peut offrir quelques ampères-heures supplémentaires pour un coût un peu plus élevé.

Compression et cyclage
Les fabricants indiquent souvent une compression optimale (ici ≈300 kgf soit ≈3000 N) pour obtenir le cyclage maximal annoncé. Avec un kit DIY comme celui-ci, il est difficile d'assurer précisément ce taux de compression. Teze Power fournit de la mousse EVA pour caler et compresser légèrement les cellules, mais si vous voulez améliorer la compression vous pouvez ajouter des intercalaires époxy entre certaines cellules. Sur mon premier kit j'ai ajouté quelques plaques époxy en complément des EVA pour augmenter la pression globale sans mesurer précisément la force.
🛠️ Intégration des cellules dans le boîtier : montage et astuces
Le boîtier est très bien prémonté : tous les câblages entre la JKBMS et les PCB sont insérés, les plaques époxy sont fournies pour protéger l'ensemble, et un sectionneur DC 250 A est intégré en façade. Le montage consiste principalement à :
- Insérer les cellules physiques dans le boîtier (16 en série pour la version 16 kWh).
- Coller et positionner les bandes EVA entre chaque cellule pour un calage et une compression homogène.
- Fixer les plaques époxy (au fond, sur les côtés et au dessus) pour protéger et isoler.
- Revérifier tous les câblages et serrages mécaniques avant mise sous tension.
Points importants lors du montage :
- Vérifiez la cohérence des dimensions : les Dejin 314 Ah ont les mêmes dimensions que des cellules de 280–300 Ah classiques, donc elles rentrent sans problème.
- Serrer proprement les bornes et vis : un mauvais contact peut générer des points chauds lors des cycles (test thermographique recommandé).
- Assurez-vous de la polarité et des connexions séries avant toute mise sous tension.

📱 Paramétrage du JK BMS : choisir le bon réglage
La carte JK BMS fournie est le cœur de la protection. Voici comment je l'ai configurée et pourquoi chaque étape est importante :
- Type de cellule : sélectionnez LFP (LiFePO4). Par défaut, certains boîtiers peuvent être configurés différemment (ex. LTO) — corrigez cela immédiatement.
- Nombre de cellules en série : configurez 16SS pour 16 cellules en série.
- Capacité (Ah) : saisissez la capacité réelle de vos cellules (ici 314 Ah en préconfiguration). Pour un SOC fiable il faut impérativement entrer la capacité réelle, et non une valeur générique.
- Seuil d'équilibrage : par défaut 10 mV entre cellules. Pour des tests j'ai descendu le seuil à 3 mV pour affiner l'équilibrage et observer le delta entre cellules. 10 mV reste acceptable, mais 3 mV est plus précis.
- Calibration tension : j'ai noté un offset d'environ 10 mV sur l'affichage — toujours mesurer la tension avec un multimètre et caler l'affichage BMS pour que la protection fonctionne correctement.
- Calibration courant : impossible via l'app mobile dans ce kit ; il faut passer par l'application PC pour un réglage précis. Mesurez le courant réel avec une pince ampèremétrique et calibrez.
Rappel important : le BMS est essentiellement une protection/fusible pour la batterie. Il ne doit pas remplacer la gestion correcte de l'onduleur/régulateur. L'idéal est que l'onduleur arrête la charge avant d'atteindre 3,65 V par cellule et arrête la décharge avant d'atteindre 2,5 V par cellule si l'on définit ces seuils.

Conseil pratique : SOC et SOH fiables
Le SOC (State of Charge) et le SOH (State of Health) ne seront fiables que si la capacité vraie est renseignée dans le BMS. Exemple : si vous montez des cellules 330 Ah mais que vous configurez la carte pour 280 Ah, le SOC sera totalement erroné. Faites impérativement un test de capacité complet pour obtenir la valeur réelle et mettez-la dans votre BMS.
🔍 Tests pratiques : charge, décharge et sécurité
Après montage, j'ai procédé à des vérifications et des tests concrets :
- Vérification de la tension : une fois câblée, la batterie montrait 52,53 V : cohérent pour 16 cellules LFP (≈3,28 V par cellule à l'état initial).
- Charge initiale : les cellules neuves nécessitent un courant un peu élevé pour « activer » leur chimie — environ 0,5C est recommandé. Mon chargeur de labo (3 A) était insuffisant pour charger rapidement la batterie complète, j'ai donc utilisé mon régulateur solaire pour envoyer 40–50 A et compléter la charge.
- Test thermographique : pendant la charge j'ai utilisé une caméra thermique pour détecter d'éventuels points chauds aux raccords et vis. À 3 000 W de charge (solaire), aucun point chaud significatif n'a été détecté — signe de connexions propres.
- Test de charge/décharge : une charge jusqu'à coupure BMS (une cellule atteint 3,65 V) puis une décharge contrôlée à 6 A (≈300 W) avec un testeur de capacité pour mesurer les Ah récupérés.

📈 Analyse des courbes : résultats et interprétation
Le relevé de décharge et les courbes issues du BMS mettent en lumière plusieurs caractéristiques typiques et utiles :
- Comportement de la tension : la tension reste très stable pendant la majeure partie de la décharge (caractéristique des LFP). Par exemple, on partait de ≈53,5 V, et la tension restait autour de 53 V pendant une grande partie de la décharge. Seuls les derniers 5–6 % montrent une chute rapide de tension.
- Point de coupure : la carte BMS a coupé à ≈43,3 V dans mon test (une cellule atteignant 2,5 V) — mais en pratique on n'utilise pas généralement toute la plage : limiter à ≈50 V comme seuil bas est suffisant pour préserver la durée de vie.
- Delta de tension entre cellules : en début de décharge le delta était très faible (≈10 mV) et souvent 2–3 mV pendant la majeure partie du cycle — excellent signe d'équilibrage. En fin de cycle le delta monte (plus de 130 mV) parce que la résistance interne et les capacités réelles varient d'une cellule à l'autre.
- Équilibrage actif : après coupure, l'équilibreur actif du BMS (2 A) a rétabli un équilibre excellent : ≈2 mV entre cellules après ~2 heures. Cela montre que même à faible courant d'équilibrage, l'électronique peut compenser les différences.

Ce que les courbes vous disent
La tension stable des LFP est à la fois une force et une faiblesse : elle donne une énergie utilisable très constante (pratique pour onduleurs), mais rend la lecture de la tension peu informative pour connaître le SOC en temps réel. D'où l'importance d'un BMS bien configuré (capacité exacte + équilibrage correct) et de mesures ampèremétriques fiables pour estimer le SOC.
📝 Conseils pratiques et bonnes pratiques avant de se lancer
Si vous envisagez d'acheter et monter ce kit, voici quelques recommandations issues de l'expérience :
- Mesurez tout avant la mise sous tension : tension totale, polarités, serrage des bornes, etc.
- Calibrez le BMS : tension et courant (le courant via l'application PC si nécessaire).
- Vérifiez la communication : si vous voulez connecter la batterie à un onduleur, configurez correctement les ports de communication et assurez-vous que les courbes de charge/décharge respectent les limites de sécurité.
- Compression : si possible, améliorez la compression des cellules (plaque époxy supplémentaires) pour se rapprocher des conditions optimales de cyclage.
- Test thermographique : indispensable lors de la première charge en puissance pour détecter des résistances de contact ou des vis mal serrées.
- Ne craignez pas l'équilibrage par le bas : c'est une bonne méthode (via contrôle logiciel comme Home Assistant) pour garantir que toutes les cellules descendent ensemble sans déclenchement inopiné du BMS. J'utilise Home Assistant pour automatiser cet équilibrage par le bas.
- Si vous ne bricolez pas : préférez une batterie assemblée en usine et soudée — le travail de l'assemblage est critique pour la sécurité et la longévité.

✅ Conclusion et recommandations finales
Le kit Teze Power associé à des cellules Dejin 314 Ah offre un rapport prix/performances très attractif : on parle d'un coût complet proche de 100 € / kWh si l'on achète avec un code de réduction et qu'on accepte de monter soi‑même la batterie. Pour les bricoleurs, c'est une opportunité intéressante pour réduire le coût du stockage stationnaire, tout en gardant des performances solides (densité correcte, longévité promise et sécurité améliorée sur les LFP modernes).
Points clés à retenir :
- Vous obtenez un boîtier complet et un BMS 200 A prêt à l'emploi — la majorité du travail consiste à insérer et sécuriser les cellules.
- Les Dejin 314 Ah montrent des performances conformes à l'annonce et une excellente stabilité de tension tout au long de la décharge.
- L'équilibrage, la calibration de la tension et du courant sont essentiels pour un SOC/SOH fiable et pour la sécurité globale.
- Même si le prix est attractif, la sécurité passe avant tout : respectez les bonnes pratiques, testez thermiquement et, si vous n'êtes pas à l'aise, optez pour une solution livrée prête à l'emploi.
Pour ceux qui souhaitent tester ce kit, un code de réduction « professolaire » était proposé pour obtenir une remise (voir description du fournisseur). Si vous avez des questions techniques sur le montage, la configuration du BMS JK ou les tests que j'ai réalisés, laissez un commentaire et je vous répondrai. Bon bricolage et à très bientôt !
Cordialement,
Le Profes'Solaire