Je suis l'auteur de cette intervention sur la chaîne "Un projet dans le projet" et ici je te raconte pas à pas comment j'ai remplacé et redescendu un ancien tableau électrique trop haut, remis à neuf une GTL, et refait le câblage proprement — avec les techniques, les erreurs à éviter, et les astuces qui m'ont sauvé la journée. Si tu as écouté mon ton, tu sais que j'aime bosser propre, rapide et sans chichi. Cet article reprend l'intégralité des étapes que j'ai réalisées, enrichies d'explications supplémentaires et de conseils pour que tu puisses reproduire la méthode en toute sécurité.

🔍 Pourquoi intervenir : le contexte et les problèmes identifiés
Lorsque je suis arrivé sur ce chantier, le principal souci était évident : le dispositif de coupure général (AGCP) était positionné beaucoup trop haut — à 2,30 m du sol. « 2 m30 c'est trop » : trop haut pour l'usage courant et non conforme à une pose ergonomique pour un appartement. Mon objectif était clair : redescendre tout ça à une hauteur conventionnelle (autour de 1,80 m), refaire proprement la GTL et remettre un tableau fiable et lisible.
En ouvrant le tableau, plusieurs problèmes sautent aux yeux :
- Appareil différentiel en tête de ligne : 40 A, type AC (alors qu'un type A serait préférable pour la présence d'un lave-linge).
- Câble d'alimentation principal supposé en 10 mm², mais présence de câble souple un peu sous-dimensionné.
- Plusieurs départs triplés et des liaisons ambiguës : phase et neutre de certains circuits étaient dissociés sur différents disjoncteurs.
- Absence totale d'étiquetage du tableau : il faut tout repérer avant démontage.
Autant dire que l'intervention n'allait pas être qu'un simple déplacement de tableau : il y aurait du démontage, du rebouchage, du plâtre et de la finition. Mais aussi du câblage propre et une réorganisation logique des circuits.
🛠️ Matériel et outils utilisés
Avant d'attaquer, il faut bien préparer sa caisse à outils. Voici ce que j'ai utilisé sur ce chantier :
- Sonnerie modulaire 230 V pour repérage (branchée sur les prises pour localiser les départs).
- Wagos traversants (référence 2773-2401 mentionnée) pour remplacer les dominos et faire des aboutages propres.
- Fouets de raccordement pour les sections supérieures (obligatoire au-delà de 25 mm²).
- Clé dynamométrique (sertissage/serrage à 4 Nm pour certains raccordements).
- Testeur de résistance de terre (appareil basique, efficace pour mesurer la R terre).
- Scie (un modèle pas cher à 100 € qui m'a bien servi pour découper la GTL et les boîtiers).
- Outillage classique : coupe-câble, pince à dénuder, tournevis, ruban de repérage, étiquettes.
- Produits de finition : plâtre, enduit de lissage, outils de plâtrerie pour rattraper l'encastrement.
Et bien sûr : l'ÉPI (gants isolants, lunettes, vêtements de chantier). Si tu n'as pas les compétences électriques nécessaires, ne touche pas au tableau et fais appel à un pro : l'électricité, c'est dangereux.
🧭 Repérage des lignes : méthode pas à pas
La première étape — et indispensable — c'est de repérer toutes les prises et éclairages afin d'étiqueter le tableau correctement. Sans repérage, tu risques de couper des circuits au hasard et de compliquer la suite du chantier.
Ma méthode "à l'ancienne" : j'utilise une sonnerie modulaire 230 V que je branche sur une prise de la pièce à repérer, puis je reviens au tableau et j'active/deactive les disjoncteurs jusqu'à entendre la sonnerie. Chaque prise et circuit se voit ainsi attribuer une étiquette. Pourquoi la sonnerie ? Parce qu'elle permet de faire le travail rapidement, surtout quand il y a des lignes dispersées. Attention toutefois : je prévois de couper le courant à chaque fois que je manipule, sauf pour certaines opérations de repérage sous tension que je limite au strict minimum (et que je déconseille si tu n'es pas expérimenté).
Points importants relevés sur ce chantier :
- Certaines prises du salon n'étaient pas sur le même disjoncteur — il faut tout vérifier pièce par pièce.
- Dans la chambre, plusieurs prises "chevet" étaient sur des circuits séparés ; des phases et neutres étaient même répartis sur deux disjoncteurs différents : explicite signe d'un câblage fait à la va-vite.
- J'ai systématiquement noté et étiqueté chaque départ pendant que j'avais le courant coupé afin d'éviter les erreurs lors du démontage.
Astuce : quand tu rencontres des circuits qui "ne sonnent jamais", pense à vérifier si le neutre et la phase ne sont pas chacun repris sur deux disjoncteurs différents : cela empêche toute continuité simple au testeur.
⚠️ Sécurité : ce que j'ai respecté et ce que je déconseille
Je suis franc : j'ai parfois fait des manipulations sous tension (par exemple retirer une phase sur une prise pour identifier le conducteur). Ce n'est pas la bonne pratique et je le dis clairement : ne fais pas ça si tu n'es pas formé. La bonne démarche est :
- Couper l'alimentation générale ou le disjoncteur concerné.
- Vérifier l'absence de tension avec un appareil adapté (Vérification d'Absence de Tension — VAT).
- Verrouiller/consigner si nécessaire (verrouillage du coffret, étiquette de consignation).
- Procéder aux interventions.
Procéder proprement évite les risques d'électrocution et les erreurs de repérage. Sur ce chantier, j'ai appris que même des pros peuvent délaisser la VAT parfois — mais c'est une faute que je voulais souligner pour t'encourager à faire autrement.
🔌 Démontage, séparation des lignes et aboutage
Une fois tout repéré, j'ai commencé le démontage. Petit inventaire des opérations :
- Dégagement de la GTL et démontage des éléments à conserver.
- Regroupement des terres : plusieurs terres en 1,5 mm² étaient réunies — je les ai conservées ensemble où c'était logique.
- Remplacement des dominos par des Wago traversants pour un aspect plus propre et compact. Pour l'aboutage, je conseille le Wago inline : on dénude à ~1 cm, on insère et c'est propre et reproductible.
- Séparation des lignes sensibles (réfrigérateur, plaques, lave-linge) pour assurer une distribution équilibrée et éviter des nuisances en cas de surcharge.
Exemple concret : j'ai isolé la prise du réfrigérateur en retirant d'abord la phase pour voir quelle ligne était alimentée, puis j'ai retrouvé le neutre associé et enfin j'ai attribué un départ distinct dans le tableau. Cela permet d'avoir un circuit dédié au réfrigérateur, utile pour la continuité de service et pour respecter les bonnes pratiques d'équilibrage.
Utiliser des Wago plutôt que des dominos standards apporte deux avantages : fiabilité mécanique et facilité lors d'une reprise future. Attention aux choix de Wago : prends un modèle adapté à la section et au nombre de conducteurs.
🧱 Gros œuvre et finition : rattrapage plaquiste
En remontant la GTL et en déplaçant l'AGCP, j'ai dû reprendre du plâtre et faire de la finition. J'ai préparé un guide en plâtre au-dessus de la GTL pour rattraper le relief du plafond et assurer une jolie découpe esthétique.
Quelques points pratiques pour cette étape :
- Ne pas fixer le tableau avant d'avoir réalisé les percements finaux (la poussière de perçage abîme la peinture).
- Poser les éléments de GTL puis faire les retouches plâtre/enduit autour pour une intégration propre.
- Utiliser un enduit de finition après que le plâtre a séché pour lisser les jonctions et préparer la peinture.
- Si tu dois percer pour fixer le tableau, fais-le après le ponçage principal et protège les surfaces déjà peintes.
J'ai fait plusieurs passes : plâtre de rebouchage, ponçage, enduit de finition, puis peinture. J'avoue que j'ai parfois enchaîné avant un séchage complet pour avancer sur le chantier, mais cela ne remplace pas une bonne organisation et des temps de séchage respectés.
📏 Hauteur de pose de l'AGCP et positionnement final
Rappel de la règle simple que j'applique : pour un appartement, l'AGCP (dispositif de coupure d'urgence) se situe généralement autour de 1,80 m à 1,90 m du sol. J'ai tracé un trait à 179 cm pour être sûr en pratique (je me laisse une petite marge plutôt que d'aller pile à 180 cm).
Pourquoi ce positionnement ? Parce que :
- C'est ergonomique et accessible pour la plupart des occupants.
- Ça laisse de la place en dessous pour travailler (prise d'accès au tableau, passages de câbles).
- Cela reste conforme aux pratiques habituelles sur les installations domestiques.
J'ai fixé la GTL un peu au-dessus pour ne pas gêner l'ouverture d'une porte adjacente. Attention aux contraintes locales (portes, espaces de circulation, éléments de mobilier) : pense à positionner la GTL et le tableau de façon à ce que rien n'écrase le coffret.
🔗 Raccordements électriques : AGCP, fouets et serrages
Pour le raccordement de l'AGCP et du bornier de terre, j'ai suivi une procédure stricte :
- Dénuder correctement le conducteur (ici C² mentionné dans le chantier).
- Utiliser des fouets de raccordement pour les sections importantes (obligatoires au-delà de 25 mm²).
- Serrer les connexions au couple prescrit (4 Nm pour certains raccords sur ce chantier).
- Vérifier que le câble entre bien jusqu'au fond des borniers avant de serrer (sinon, mauvaise insertion et risque de mauvais contact).
Je remets un cache plombable sur les connexions côté sortie versement-compteurs : ces caches permettent de plombabiliser si nécessaire (même si sur ce chantier, il n'était pas nécessaire car un dispositif de coupure était déjà présent dans les communs près du compteur Linky).
Un détail important : la barrette de terre doit être accessible pour la mesure et la maintenance sans démonter l'ensemble du tableau. Sur ce chantier, j'ai choisi de la loger légèrement à l'intérieur pour l'esthétique, tout en gardant un accès simple pour les tests.
🔧 Câblage du tableau, peignes et réglages finaux
Après avoir sécurisé les entrées et réalisé les prolongations de câbles, j'ai câblé le tableau :
- Montage des peignes horizontaux et verticaux pour assurer une distribution propre et éviter les liaisons filaires individuelles entre disjoncteurs.
- Placement des dispositifs protecteurs (disjoncteurs divisionnaires, interrupteur différentiel en tête).
- Raccordement du bornier de terre et organisation des rangées du tableau selon la feuille de répartition que j'avais préparée.
- Mise en place des pictogrammes et étiquettes pour faciliter l'identification.
Remarque sur l'interrupteur différentiel : sur ce chantier il y avait un différentiel 40 A de type AC. Idéalement, pour des circuits contenant des appareils à composant à courant continu résiduel (lave-linge, lave-vaisselle, etc.), il vaut mieux monter un différentiel de type A. Le type AC est acceptable dans certains cas, mais attention si des appareils modernes sont présents.
Autre réglage : j'ai remarqué que le calibre réglé était à 15 A pour un circuit spécifique et cela me semblait trop juste. Je l'ai donc réglé sur 30 A pour correspondre à l'usage et à la section du câble. Toujours vérifier le calibre par rapport à la section et la fonction du circuit.
🧾 Étiquetage ostentatoire, pictogrammes et organisation
Un tableau propre, c'est d'abord un tableau lisible. J'ai préparé des feuilles de répartition et j'ai collé des pictogrammes et étiquettes. J'ai même fait des planches d'étiquettes avec un petit coup de "IA" pour générer des pictogrammes attractifs (comme je l'indiquais dans la vidéo).
Quelques recommandations d'étiquetage :
- Nommer chaque départ de façon précise : pièce + usage (ex. : "Cuisine - Réfrigérateur", "Ch1 - Sdb - Eclairage").
- Utiliser des codes couleurs si tu veux séparer visuellement les circuits prioritaires (ex. circuits frigo, chauffage, prise machine à laver).
- Imprimer une planche PDF avec les pictogrammes et laisser une copie dans l'appartement pour l'utilisateur.
🧪 Tests finaux : continuité, différentiel et résistance de terre
Après avoir tout câblé, j'ai effectué les vérifications :
- Test de fonctionnement de toutes les prises et éclairages pièce par pièce.
- Test du fonctionnement des différents disjoncteurs et de l'interrupteur différentiel.
- Mesure de la résistance de terre avec un appareil abordable : j'ai obtenu 43 Ω sur la mesure (valeur correcte pour cet environnement, mais l'objectif est souvent d'être le plus bas possible suivant les contraintes locales).
Attention à une situation précise : pendant les tests, mon testeur a parfois fait sauter l'interrupteur différentiel de type A. Solution pragmatique que j'utilise : brancher le testeur sur une prise reprise sur un différentiel de type A via une rallonge pour isoler le test et éviter de déclencher un autre différentiel en amont. Ce n'est pas une règle universelle, mais une astuce terrain pour dépanner.
Autre constat : certaines prises étaient équipées d'une broche terre mais la terre n'était pas reliée. Ne pas installer une prise avec broche si la terre n'est pas effective : mieux vaut mettre une prise sans terre afin de ne pas tromper l'utilisateur. Ensuite, on pourra repasser les terres correctement sur les prises après avoir tiré les conducteurs nécessaires.
🧰 Checklist récapitulative : étapes clés à respecter
Pour résumer et te donner un plan d'action clair si tu veux te lancer :
- Inspecter le tableau existant et noter les anomalies : type de différentiel, sections de câbles, présence de câbles souples sous-dimensionnés.
- Repérer toutes les prises et éclairages à l'aide d'une sonnerie modulaire ou d'un testeur, puis étiqueter chaque départ.
- Couper le courant général, vérifier l'absence de tension (VAT) avant toute manipulation.
- Démonter proprement, remplacer dominos par Wagos, regrouper terres, séparer circuits critiques (frigo, chauffage, VMC...).
- Préparer la GTL et l'implantation du tableau (hauteur AGCP ~1,80 m), penser à la contrainte de porte et d'esthétique.
- Réaliser les passages de câble, utiliser fouets pour les sections importantes, serrer au couple recommandé (ex. 4 Nm).
- Monter peignes, disjoncteurs et différentiels adaptés (préférer type A quand nécessaire).
- Tester continuité, différentiel et mesurer la résistance de terre. Ajuster les calibres des disjoncteurs si nécessaire.
- Finition : plâtre, enduit, peinture et pose des étiquettes/pictogrammes.
💡 Astuces et erreurs fréquentes à éviter
Quelques retours d'expérience concrets :
- Erreur : laisser phase et neutre d'un même circuit sur deux disjoncteurs différents. Cela pose des problèmes de test et de sécurité — il faut corriger en regroupant ces conducteurs sur le même disjoncteur.
- Astuce : utiliser la sonnerie modulaire pour gagner du temps dans le repérage — c'est rapide et efficace pour les prises.
- Erreur : travailler sous tension sans VAT. Ne jamais faire ça sans être sûr de ce que tu fais.
- Astuce : remplacer les dominos par des Wago pour un résultat propre et plus compact.
- Erreur : négliger l'accessibilité de la barrette de terre. Elle doit rester mesurable et accessible sans tout démonter.
📎 Pièces et références utiles
Quelques éléments que j'ai mentionnés et qui peuvent t'aider :
- Wago traversant inline (ex. 2773-2401) — pratique pour les aboutages.
- Fouets de raccordement — obligatoires pour gros calibres (>25 mm²).
- Clé dynamométrique réglée à 4 Nm pour certains serrages.
- Testeur de résistance de terre (appareil simple mais suffisant pour contrôler).
🔚 Conclusion et prochaines étapes
Le remplacement d'un ancien tableau et la réimplantation d'une GTL, c'est un chantier qui mélange électricité, gros œuvre et finition. Ce chantier m'a pris plusieurs jours : repérage complet, démontage, rattrapage plâtre, pose de la GTL, câblage propre, tests et finitions. Le résultat final est un tableau lisible, sécurisé et ergonomique (AGCP placé à une hauteur adaptée, circuits séparés et étiquetés). J'ai aussi prévu une suite : repasser les terres sur certaines prises et installer une VMC double flux sur ce même chantier.
Si tu veux te lancer, suis la checklist et les règles de sécurité : ÉPI, VAT, étiquetage et serrages au couple. Si tu as des doutes, n'hésite pas à appeler un électricien qualifié.
Enfin, un petit clin d'œil : la plus belle coupe de demi GTL sur YouTube et ma scie à 100 € — de petites victoires sur le chantier qui font que l'on avance vite sans se ruiner. N'hésite pas à laisser des commentaires sympas ou des questions ; j'essaierai de répondre et, si besoin, de partager mes planches d'étiquettes gratuites pour que tu puisses imprimer les tiennes.
Remerciements
Merci d'avoir suivi ce récit d'intervention. Si tu veux que je détaille une partie technique en particulier (ex. méthode complète de mesure de terre, choix entre différentiel AC/A/AS, ou la pose d'un peigne) dis-le en commentaire et je ferai une vidéo/guide dédié.
Compléments pratiques (pas de liens fournis)
Je n'ai reçu aucune URL à insérer dans l'article. Pour compenser, voici quelques compléments utiles à ajouter à la fin de ton billet — prêts à être utilisés même sans lien externe :
- Fichier d'étiquettes : crée un PDF A4 contenant 2 colonnes d'étiquettes (texte : pièce + fonction) et imprime-le sur feuille autocollante. Exemples d'intitulés : "Cuisine - Frigo", "Ch1 - Eclairage", "Sdb - Prises".
- Checklist imprimable : fais une page A4 reprenant les 9 étapes de la checklist récapitulative. Laisse des cases à cocher pour chaque point (repérage, VAT, aboutage, serrage, tests, finition).
- Rappel norme : pour approfondir, recherche la norme NF C 15-100 pour connaître les règles de sections et de protections (différentiels type A/AC/AS, sections minimales selon l'usage).
- Guide sécurité : rédige une fiche d'une demi-page sur la VAT (Vérification d'Absence de Tension) et les consignations à apposer avant toute intervention.
- Modèle de feuille de répartition : crée un tableau simple 2 colonnes (N° circuit / Intitulé) à glisser dans la GTL et à laisser au locataire/propriétaire.
Si tu souhaites, je peux générer pour toi : un PDF d'étiquettes prêt à imprimer, une checklist au format A4, ou un modèle de feuille de répartition en format texte/PDF. Donne-moi le format souhaité et je te le prépare.